L’Institut ibéro-américain : "une œuvre de bonne volonté"

L’Institut et son bâtiment de la rue Gay-Lussac n’auraient pas pu voir le jour sans de généreux mécènes. À travers cette nouvelle archive, nous voulons rendre hommage à ces donateurs.

Archive du lundi n°66 - 10 avril 2017

L’Institut d’Études Hispaniques, créé en 1917, a été hébergé dans un premier temps dans un édifice du 96 boulevard Raspail avant de s’implanter au 31 rue Gay-Lussac, dans un bâtiment inauguré en grande pompe en mai 1929. Cet édifice fut bâti sur un terrain appartenant à l’Université de Paris et financé grâce à l’appui de donateurs dont les noms sont immortalisés sur les deux plaques de marbre apposées de part et d’autre des actuels escaliers d’accès à l’Institut. Qui étaient-ils ?

On y trouvait des aristocrates, comme José Valdés y Mathieu de Billy (1871-1938), Marqués de Casa Valdés, le plus généreux de tous dont le recteur Charléty souligna, lors de l’inauguration du bâtiment « la générosité attentive et éclairée », le Marqués de Casa Riera ou le baron de Drouhot.

Il y avait également des artistes, comme Pedro Gil Moreno de Mora (1892-1945), un grand ami de Joaquín Sorolla, José Clara (1878-1958), un des maîtres de la sculpture figurative espagnole du premier tiers du XXème siècle, JH Lesca, graveur, et bien sûr, Francisco Mateos (1894-1976), le peintre sévillan qui réalisa gracieusement la décoration murale des murs du premier édifice, sans oublier l’architecte Édouard Armand Lambla de Sarria (1881- ?) qui oeuvra à la conception du bâtiment pour l’amour de l’art.

S’y ajoutaient des professeurs tels que Ernest Martinenche (1869-1941), titulaire d’une chaire magistrale en Sorbonne depuis 1919 et fondateur de l’Institut d’Études Hispaniques ou l’ingénieur centralien Jacques Valensi (1903-1992), qui fut professeur de mécanique des fluides à la faculté des sciences de Marseille, ou encore la figure polyvalente du secrétaire général de l’Institut, Carlos Ibañez de Ibero Grandchamp (1882-1966), docteur en philosophie et lettres de l’université de Paris, ingénieur et journaliste.

Notons également la contribution d’acteurs du monde économique, comme les industriels, François Coty (1874 -1934), célèbre parfumeur, et Leon Schinasi (1880–1930), un magnat newyorkais du tabac, philanthrope et collectionneur d’art, mais aussi de compagnies comme la Société minière et métallurgique de Peñarroya, fondée en 1881 par l'ingénieur français Charles Ledoux pour exploiter le site de Peñarroya-Pueblonuevo, et la Compagnie royale asturienne des Mines, créée à Bruxelles le 16 mai 1853 pour produire zinc et plomb dans les Asturies.

L’Instituto hispano cubano de Sevilla, fondation culturelle à but non lucratif créée en 1928, et l’Academia Gaya, un centre privé qui dispensait des cours d’espagnol à Paris, complètent ce tableau quelque peu hétéroclite des entités donatrices qui, venus d’horizons très divers, avaient en commun la volonté de contribuer à doter l’Institut d’Études Hispaniques d’un bâtiment propre.

Lors de l’inauguration officielle du 29 mai 1929, le directeur de l’époque, Ernest Martinenche, déclarait à cet égard : « ce modeste hôtel est aussi une oeuvre de bonne volonté. Ses donateurs et ses collaborateurs, réunis sous le double patronage de l’Espagne et de l’Université de Paris, sont également convaincus que l’amitié franco-espagnole a des vertus efficaces, et qu’elle ne dépend pas moins d’une connaissance méthodique que de l’élan d’une sympathie naturelle ».

Cet article est issu des Archives du Lundi, ouvrage co-dirigé par Maria Araújo, Nancy Berthier et Eva Sebbagh. Cet ouvrage reprend plus de 80 contributions créées entre 2015 et 2017 pour animer la communauté de l'Institut ibéro-américain, qui retracent les moment forts et l'histoire du lieu.