Face au tsunami : les travaux de surélévation du bâtiment de la rue Gay-Lussac (1959-1961)

Cette Archive du lundi revient sur l'histoire architecturale du bâtiment de la rue Gay-Lussac et relate les travaux de surélévation qui ont donné à l'Institut le frêle aspect longitudinal que nous lui connaissons aujourd'hui...

Archive du lundi n°19 - 29 février 2016

Entre la naissance de l’Institut d’Études Hispaniques en mars 1917, qui n’accueillait alors qu’une poignée d’étudiants, et l’année universitaire 1958-1959, où le nombre des inscrits atteint les 2300 personnes, l’essor des études hispaniques à la Sorbonne est fulgurant, se faisant au rythme plus général de la croissance démographique du pays, de la progression de l’espagnol dans le secondaire et de l'accroissement de l’accès des jeunes Français aux études supérieures.

L’édifice de la rue Gay-Lussac qui, inauguré en 1929, suffisait largement à la quarantaine d’étudiants qui le fréquentaient, s’avère, trente ans plus tard, totalement inapproprié aux nouveaux effectifs. Un projet de surélévation est ainsi défendu par le directeur d’alors, Charles V. Aubrun, dans le but d'endiguer ce tsunami ; projet qui sera hélas mis en œuvre au détriment de la délicieuse façade originale de style Art Nouveau qui égayait la rue Gay-Lussac et incitait les promeneurs à l’imagination audacieuse à lui conférer une origine d’établissement de bains orientaux.

Le rapport établi par Charles V. Aubrun en 1959 pour justifier le projet de surélévation, au-delà de son aspect purement administratif, dévoile la réalité de l’organisation des études d’espagnol à un moment clé de son histoire : il permet de comprendre les éclatements de la décennie suivante (décret Guichard de 1970) et d'imaginer aisément, par delà la rationalité glacée des données chiffrées, le climat de tension qui régnait dans l'édifice, à travers la mention de classes de TD à plus de cent étudiants, de cours magistraux à 250-350 personnes ou encore d'emplois du temps inadaptés et dispersés sur des sites distants du quartier latin. Quant aux prévisions pour 1965 selon un taux de croissance exponentielle, elles donnent littéralement le vertige, avec plus de 5000 étudiants pour les seules études hispaniques.

Les travaux de la « maison », selon le terme utilisé sur la plaque du hall actuel, auront lieu au cours des années 1959-1961.

Cet article est issu des Archives du Lundi, ouvrage co-dirigé par Maria Araújo, Nancy Berthier et Eva Sebbagh. Cet ouvrage reprend plus de 80 contributions créées entre 2015 et 2017 pour animer la communauté de l'Institut ibéro-américain, qui retracent les moment forts et l'histoire du lieu.